Faut Pas Croire Tout Ce Qu'on Dit

La Cour suprême a donné raison au Mouvement laïque québécois, cette semaine, en statuant que la prière récitée lors des assemblées du conseil municipal de Saguenay contrevenait à l'obligation de neutralité religieuse de l'État. Ce faisant, le plus haut tribunal du pays a rouvert la discussion sur la place de la religion dans notre société, et tout particulièrement dans les lieux où s'exerce le pouvoir. Pour la Cour suprême, la neutralité de l'État est souhaitable et gage d'inclusion et de respect, mais certains craignent que notre société soit en train de perdre ses traditions et son identité, voire son âme.

Le conflit qui oppose les étudiants au gouvernement Couillard s'est envenimé cette semaine. À Montréal, l'occupation de l'UQAM a dégénéré en confrontation musclée avec les policiers, puis en saccage, à l'intérieur même des murs de cette institution reconnue pour son ouverture aux débats et à la contestation. Les étudiants vont-ils trop loin, en n'ayant pas d'objectifs précis et en prétendant amorcer une grève sociale? L'encadrement du droit de grève des étudiants, tel que le recommandait le rapport Ménard, au lendemain du conflit étudiant de 2012, permettrait-il d'éviter de tels débordements?

L'écrasement de l'Airbus A320 de Germanwings, la semaine dernière dans les Alpes, suscite bien des questions sur la sécurité aérienne. Des spécialistes du domaine aéronautique ont émis des doutes au sujet de la formation des pilotes, et de leur suivi médical – notamment psychologique. D'autres encore s'inquiètent de la multiplication des transporteurs à bas prix – Germanwings est l'un d'eux – qui pourraient avoir la tentation de rogner sur la sécurité. Les voyages en avion sont-ils de plus en plus risqués? Les catastrophes aériennes – somme toute peu nombreuses – nous font chaque fois oublier que cette industrie ne peut exister que si la sécurité y est prioritaire.

Armes à feu : culture et politique De nombreuses voix - dont celle, unanime, de l'Assemblée nationale du Québec - ont dénoncé les propos tenus récemment par Stephen Harper, au sujet du «certain niveau de sécurité» que permettrait d'atteindre la possession d'une arme à feu lorsqu'on vit en région, à distance d'un poste de police. Le premier ministre s'est par la suite empressé de préciser que les Canadiens n'ont pas le droit de se faire justice eux-mêmes. Mais le débat sur la place des armes à feu dans notre société, dans notre culture, venait d'être relancé. Le Canada est-il bien différent des États-Unis à cet égard? À quelques mois des élections fédérales, ces déclarations de Stephen Harper sont-elles susceptibles de lui attirer des votes, ou de lui en faire perdre ?

La Régie de l'énergie a autorisé cette semaine une nouvelle hausse significative des tarifs d'électricité au Québec. Pour les consommateurs, la facture grimpera de 2,9 pour cent, après avoir augmenté de 4,3 pour cent en 2014. C'est bien plus que l'inflation, et bien plus que ce que nombre de ménages à faibles revenus peuvent encaisser. Hydro-Québec n'a cessé d'augmenter sa production ces dernières années, alors que la demande en Amérique de Nord est à la baisse. La société d'État se retrouve donc avec des surplus qui, somme toute, coûtent cher aux Québécois. Où s'en va Hydro-Québec, à quelques mois du dépôt, par Québec, d'une nouvelle politique énergétique?

Les opposants à la fin de la livraison du courrier à domicile ont haussé le ton, cette semaine, en portant leur cause devant les tribunaux. Les travailleurs de la poste et les personnes âgées et handicapées, appuyés notamment par Montréal et l'Union des municipalités du Québec, allèguent que Postes Canada viole la Charte des droits en limitant l'accès à un service public qu'ils considèrent « fondamental ». La société d'État a-t-elle le choix de prendre ce virage, justifié selon elle par des considérations financières et de concurrence? À l'heure des communications électroniques et des réseaux sociaux, est-ce que la livraison quotidienne du courrier à domicile est encore un service essentiel?

Le projet de loi antiterroriste C-51, adopté en deuxième lecture aux Communes cette semaine et dont l'objectif est de prévenir les attentats terroristes en territoire canadien, donne-t-il trop de pouvoirs aux corps policiers? Les conservateurs de Stephen Harper le défendent avec vigueur et les libéraux l'appuient, de même qu'une grande majorité de Canadiens. Le NPD le dénonce, tout comme certains juristes, des défenseurs des libertés civiles et des activistes, qui craignent les dérives que pourrait entraîner son entrée en vigueur. Est-ce que ce projet de loi, qui sera vraisemblablement adopté, protégera les Canadiens sans menacer leurs droits?

Perquisition, enquête pour blanchiment d'argent aggravé, excuses publiques dans les médias : la filiale suisse de la banque britannique HSBC a de nouveau fait parler d'elle cette semaine, quelques jours après qu'une enquête journalistique – surnommée SwissLeaks – eut révélé qu'elle aidait des milliers de ses clients – dont des Canadiens – à se soustraire au fisc. Cette pratique illégale est-elle répandue dans le secteur bancaire? Les lois devraient-elles être plus sévères afin de décourager les banques et leurs clients d'y recourir? Ce cas flagrant d'évasion fiscale nous amène à nous interroger sur les frontières parfois troubles entre légalité et illégalité dans le monde bancaire, ainsi que sur les considérations financières et éthiques qui sont en jeu lorsque des individus ou des entreprises tentent d'échapper à l'impôt, ou d'en payer le moins possible en recourant aux paradis fiscaux, dont l'existence, elle, est légale.

Perquisition, enquête pour blanchiment d'argent aggravé, excuses publiques dans les médias : la filiale suisse de la banque britannique HSBC a de nouveau fait parler d'elle cette semaine, quelques jours après qu'une enquête journalistique – surnommée SwissLeaks – eut révélé qu'elle aidait des milliers de ses clients – dont des Canadiens – à se soustraire au fisc. Cette pratique illégale est-elle répandue dans le secteur bancaire? Les lois devraient-elles être plus sévères afin de décourager les banques et leurs clients d'y recourir? Ce cas flagrant d'évasion fiscale nous amène à nous interroger sur les frontières parfois troubles entre légalité et illégalité dans le monde bancaire, ainsi que sur les considérations financières et éthiques qui sont en jeu lorsque des individus ou des entreprises tentent d'échapper à l'impôt, ou d'en payer le moins possible en recourant aux paradis fiscaux, dont l'existence, elle, est légale.

La nouvelle de la fermeture imminente de l'observatoire du Mont-Mégantic a déclenché, cette semaine, une véritable levée de boucliers qui a forcé Ottawa à rétablir jusqu'en 2016 son soutien financier à l'institution. Les meubles sont sauvés – pour l'instant – mais le problème reste entier, d'après plusieurs observateurs qui déplorent que depuis une décennie, sous les Conservateurs de Stephen Harper, la science a été malmenée : ils ont favorisé la science appliquée, qui profite à l'industrie, au détriment de la science fondamentale, comme celle pratiquée au Mont-Mégantic, privé de leur droit de parole les scientifiques de l'État, réduit la valeur scientifique des données du recensement, etc. Le soutien financier de l'État à la science doit-il d'abord et avant tout servir l'entreprise privée, la création d'emplois, la recherche de profit? Qu'avons-nous à perdre, à l'ère du savoir, à délaisser la science fondamentale?

Depuis les années 1960, le fossé n'a cessé de s'élargir entre le Québec et les francophones du reste du Canada. Récemment, le gouvernement du Québec est allé jusqu'à appuyer le Yukon dans une cause l'opposant à sa Commission scolaire francophone : celle-ci voulait élargir l'accès à ses écoles (la cause est maintenant en appel devant la Cour Suprême). La position du Québec a profondément irrité les francophones hors-Québec qui considèrent que la province a une fois de plus tourné le dos aux autres francophones du pays, pour protéger ses propres lois linguistiques. Plusieurs causes semblables seront bientôt entendues par plusieurs cours du pays. Creuseront-elles encore un peu plus le fossé entre les «deux solitudes» francophones du pays?

Les discussions se sont envenimées entre les médecins et le ministre de la Santé au sujet du projet de loi 20 qui, pour améliorer l'accès aux soins, propose entre autres de pénaliser financièrement les médecins de famille qui ne prendront pas en charge un certain nombre de patients. Sur un fond d'attaques personnelles, chacun accuse l'autre de manipuler les chiffres. Dans ce climat d'affrontement, difficile d'y voir clair. Est-ce que l'organisation du travail des médecins de famille est au coeur du problème d'engorgement du système de santé ? Comment doit-on revoir le rôle des omnipraticiens ? Des professionnels de la santé et des experts réfléchissent à ces questions en dehors du discours des différents protagonistes.

La grande unité démontrée aux lendemains de l'attaque contre Charlie Hebdo n'a pas mis beaucoup de temps à se fissurer. En France, la grande marche républicaine avait réuni une soixantaine de chefs d'État, dont certains à la tête de pays musulmans, qui ont ensemble dénoncé l'attentat et rendu hommage aux victimes. Mais trois jours plus tard, la publication d'une caricature du prophète Mahomet en une du magazine satirique a provoqué colère et manifestations dans plusieurs pays musulmans qui criaient au blasphème, pendant que l'Occident défendait la liberté d'expression. Alors que le débat sur la charte de la laïcité refait surface au Québec, nous nous demandons s'il existe un terrain d'entente entre le respect du sacré et la liberté d'expression ?

La France est en alerte depuis mercredi : une fusillade au magazine satirique Charlie Hebdo, symbole de la liberté d'expression, a fait 12 morts et une dizaine de blessés. La tuerie a été suivie d'une chasse à l'homme et de deux prises d'otages. Ces actes terroristes ont été menés par des hommes armés et organisés. Les suspects, les frères Chérif et Saïd Kouachi et Amedy Coulibaly, des Français qui seraient liés à Al-Qaida, ont été tués dans l'assaut des policiers. Quelles seront les réponses politiques et sécuritaires à cet attentat? La liberté et la démocratie en sortiront-elles meurtries? La peur pourrait-elle devenir un piège?

Les relations rompues officiellement depuis plus de 50 ans entre les États-Unis et Cuba ont repris cette semaine. Les présidents Barack Obama et Raoul Castro ont tous deux annoncé, mercredi, que leurs pays allaient s'engager sur la voie d'une plus grande ouverture de leurs frontières respectives aux échanges commerciaux et à la circulation des personnes. La nouvelle a été accueillie avec intérêt et enthousiasme dans le monde, mais a mécontenté une partie de la communauté cubaine aux États-Unis, de même qu'un certain nombre d'élus du Parti Républicain. Que prévoit cette entente, et quelles en sont les limites? Ouvre-t-elle de nouvelles perspectives en matière de développement de la démocratie et des droits humains à Cuba? Quel rôle le Canada a-t-il joué dans ce rapprochement historique?

Rien ne va plus entre Québec et le monde municipal. Le nouveau pacte fiscal transitoire prévoit une réduction de 300 millions $ des transferts aux municipalités, une mesure que rejette la plupart d'entre elles, dont Laval et Longueuil . Le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, Pierre Moreau, a remis de l'huile sur le feu, cette semaine, en menaçant de pénaliser les villes qui augmenteraient leurs taxes alors qu'elles disposent de surplus accumulés au fil des ans. M. Moreau a été accusé d'ingérence et d'intimidation par les municipalités. Son intervention a été assimilée à une mise sous tutelle et qualifiée de dérapage. Jamais les relations entre Québec et le monde municipal n'ont été aussi tendues!

Rien ne va plus entre Québec et le monde municipal. Le nouveau pacte fiscal transitoire prévoit une réduction de 300 millions $ des transferts aux municipalités, une mesure que rejette la plupart d'entre elles, dont Laval et Longueuil . Le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, Pierre Moreau, a remis de l'huile sur le feu, cette semaine, en menaçant de pénaliser les villes qui augmenteraient leurs taxes alors qu'elles disposent de surplus accumulés au fil des ans. M. Moreau a été accusé d'ingérence et d'intimidation par les municipalités. Son intervention a été assimilée à une mise sous tutelle et qualifiée de dérapage. Jamais les relations entre Québec et le monde municipal n'ont été aussi tendues!

y a-t-il un mode d'emploi ? Après avoir précisé qu'il n'y aurait pas de « vaches sacrées », le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, poursuivait cette semaine sa démarche d'assainissement des finances de l'état, en proposant cette fois-ci une réduction du nombre d'employés de la fonction publique. Depuis quelque temps, on ne compte plus les cibles visées par les mesures d'austérité du gouvernement Couillard. Municipalités, commissions scolaires, garderies, aide à l'agriculture, tout est sous la loupe. Une résistance commence à s'organiser, alors que certains qualifient d'improvisation ce que d'autres perçoivent comme une habile stratégie.

Au Québec, les biographies de personnages politiques sont souvent écrites par des journalistes. Peu d'historiens se prêtent à ce jeu, comme s'ils s'intéressaient davantage à l'histoire de la société qu'à celle des individus qui la façonnent. Ailleurs, en France par exemple, les maisons d'édition offrent parfois des avances à des historiens spécialistes pour fouiller la vie des grands personnages. Notre rapport à l'histoire est-il si différent ?

Pendant la dernière campagne électorale au Québec, Philippe Couillard avait promis d'annuler la hausse des frais de garde prévue par le Parti québécois. Il préconisait plutôt une simple et modeste indexation. Placé face à des choix budgétaires difficiles, le gouvernement envisagerait désormais une modulation des tarifs de garde en fonction des revenus des parents. Au-delà des chiffres, au-delà des promesses brisées, on parle ici d'une remise en question du principe de l'universalité. Pour certains, ce serait un premier pas vers une tarification des services dans d'autres domaines, tels la santé et l'éducation. D'autres vont plus loin en agitant le spectre d'un retour en force du principe de l'utilisateur-payeur. L'universalité est-elle sacrée? Si oui, est-elle à ce point menacée ?